SALIN-DE-GIRAUD - Les trois étangs à vélo

Au XVe s., la ville fut autorisée par le roi René à construire une tour de défense (1614) à l’embouchure principale du Rhône de l’époque. Moins de 50 ans plus tard, trop distante de l’embouchure du fleuve, la tour devient inutile. Il ne reste que quelques vestiges visibles au cœur d’un terroir, où la végétation salée domine à perte de vue. Cet édifice a été inscrit monument historique en 1933 et intégré au patrimoine du Conservatoire du littoral en 2008 qui prévoit de le sauvegarder et le valoriser.

La salicorne est une plante halophile (aimant le sel) caractéristique de la sansouïre. Les feuilles sont remplacées par des petits segments emboités les uns dans les autres. Ceux des extrémités stockent l’excédent de sel et la plante s’en débarrasse périodiquement. Cette plante récupère aussi l’eau de pluie qu’elle stocke dans ses parties charnues pour abaisser la concentration en sel dans ses tissus. Des espèces annuelles sont comestibles : les tiges récoltées au printemps, sont croquantes et salées.

Les marais salants sont des étangs aménagés (partènements) dans le but de permettre la concentration des eaux en chlorure de sodium. Des sociétés fabriquent, à partir de ce chlorure de sodium, de la soude caustique nécessaire à la fabrication du savon de Marseille. Ces marais, du fait de leur étendue et de leur richesse en invertébrés, sont des zones appréciées par les oiseaux, notamment par le flamant rose qui y trouve une nourriture abondante et y passe le plus clair de son temps.

L’aigrette garzette est l'un des oiseaux les plus communs de Camargue. Plumage blanc, pattes noires et doigts jaunâtres la rendent facilement identifiable. En plumage nuptial, la nuque des adultes s’orne de deux huppes d’une vingtaine de centimètres et leur dos de longues plumes soyeuses très fines aux barbes séparées. Aujourd’hui très répandue dans la moitié sud de l’Europe, cette espèce était au bord de l’extinction au début du XXe s., chassée pour ses plumes qui décoraient les chapeaux.

Emblème de la Camargue, le flamant rose doit en partie sa couleur aux pigments de carotène contenus dans sa nourriture (crustacés, algues et invertébrés). Cette espèce se déplace autour de la Méditerranée mais c’est en Camargue qu’il y a la plus importante population, unique ilot de reproduction. Dès le printemps, ils nichent en colonie, le mâle et la femelle couvent à tour de rôle l’unique œuf déposé dans un nid de boue. Gris à la naissance, il volera vers 10 semaines et deviendra rose vers 3 ans.

L’exploitation du sel remonte à l’Antiquité mais elle a pris une tournure industrielle au XIXe s. avec l’installation de l’usine Péchiney dont la fabrication première était celle de la soude. Un approvisionnement en sel marin étant nécessaire, Henri Merle, entreprit la création de l’exploitation de Salin-de-Giraud. Le développement des besoins de chlore et de soude entrainèrent la croissance de l’exploitation. Aujourd’hui, la compagnie qui exploite le site est celle des Salins du Midi.

Un point de vue unique sur le salin de Giraud qui couvre 6000 ha et produit environ 450 000 tonnes de sel chaque année. Entre juin et septembre, de vastes parcelles remplies d’eau d’un très beau rose nacré scintillant au soleil apparaissent. La couleur rose de l’eau des tables salantes provient d’une algue microscopique vivant dans la Méditerranée. Sur la gauche, on aperçoit les « camelles », collines de sel de plus de 10 m de haut. La production du salin de Giraud est destinée au salage des routes.